Site de la Roche à Jullié

Publié le 28 novembre 2025

Le moulin, l’étang, le four à tuiles, son séchoir et le lavoir appartiennent à un ensemble bâti relié au Château de la Roche. Ces éléments constituent un ensemble architectural exceptionnel datant du XVIIe-XVIIIe siècle. Géosite du Géoparc Beaujolais UNESCO. Le site de la Roche est inscrit au Patrimoine depuis 1946.

Visite faite dimanche 3 novembre 2024. Notre groupe est accueilli par Perrine Guyot.

 

 

 

L’ensemble s’étend sur 35 hectares et est situé à 1km du bourg de Jullié, dans un vallon traversé par un ruisseau appelé le Rolland. C’est un affluent du Merdençon (Merdenson) , lui-même affluent de la Mauvaise qui se jette dans la Saône. En raison d’une altitude qui varie entre 300 et 700 m, le paysage change entre les collines vineuses et les forêts de résineux.

Un manoir du XIVes., qui appartenait à la famille de la Roche, a précédé le château construit à la fin du XVIIes par Aymé Charrier (1602-1681), seigneur de la Roche-Jullié et procureur du Roi à Lyon. Son fils Jean-Baptiste poursuivit et acheva sa construction.

 

 

 

On retrouve la roue, symbole de la famille Charrier à de nombreux endroits de la propriété, comme sur la poutre des bâtiments agricoles (avec piliers !)

 

 

C’était une famille de bourgeois qui possédait 1000 hectares autour du château (maintenant 500 hectares), établie en Beaujolais aussi pour échapper aux taxes sur le vin. L’ensemble nous est parvenu sans modification : une imposante grille en fer forgé s’ouvre sur une large esplanade en terrasse dominant les bois et les vignes. Le château, formé d’un important corps de logis flanqué de pavillons aux quatre angles, se dresse, entouré d’un fossé profond sans eaux (et avec deux ponts tournants !). L’intérieur du château a conservé toute la qualité de sa décoration et notamment son hall d’entrée majestueux (propriété privée, il ne se visite pas). Le château est en pierre dorée, il était recouvert d’un enduit blanc à la chaux, visible par endroit et lui donnait un aspect « fini ». Les murs d’enceinte sont en grès (+ rouge car présence de fer) /roches volcaniques noires/grises.

Le Château de la Roche trouve ses origines au XIe siècle, époque à laquelle il fut construit pour défendre les terres environnantes. Son emplacement stratégique sur un promontoire rocheux offrait un avantage défensif naturel, permettant de surveiller les environs et de contrôler les voies de passage. En particulier les routes qui remontent de Lyon sur la Loire et Paris, en évitant la Bourgogne alors indépendante et plus dangereuse. Au fil des siècles, le château a été le témoin de nombreux événements historiques, des conflits féodaux aux guerres de religion.

Un étang est situé en amont du moulin et constitue une réserve d’eau pour celui-ci. Il est représenté sur le cadastre de 1823.

C’est une belle illustration d’une demeure aristocratique du XVII ème siècle exploitée en autarcie. Gens (vignerons et journaliers), bêtes (vaches, bœufs, moutons et volaille) et récoltes (vins et grains) occupaient les différents bâtiments, des caves aux greniers. L’usage du four à pain -détruit- et du puits réglait la vie quotidienne de toute cette maisonnée.

Le domaine réunit, dans un périmètre réduit, un corps de ferme dit « Basse-cour » avec le lavoir, le four à tuiles et son séchoir (l’argile provenait sans doute du lieu-dit la Thuillière), le moulin hydraulique et l’étang.

À admirer, la grille d’entrée forgée, la cour d’honneur et saut de loup, la chapelle pentagonale XVIIIe siècle à dôme octogonal (rappelant la roue des Charrier) et les deux fameux ponts tournants, et bien sûr le moulin scierie, le four à tuile, le lavoir et l’étang.

Rq : Saut de loup ou « ha-ha » : c’est un fossé que l’on creuse au bout d’une allée, à l’extrémité d’un parc ou d’un jardin, pour en défendre l’entrée sans borner la vue.

Dès 2007, après des démarches conséquentes et efficaces, Jacques Bret, le maire de Jullié de l’époque a convaincu la Communauté de Communes de la Région de Beaujeu, de restaurer le site de la Roche, et notamment le vieux moulin scierie, afin de valoriser le patrimoine local et de promouvoir les savoir-faire traditionnels, le tout dans une optique touristique. C’est donc à ce jour la nouvelle Communauté de Communes de Saône-Beaujolais qui a repris le flambeau en dirigeant la maîtrise d’ouvrage.

Les bâtiments et le terrain ont été achetés ou loués (sur la base d’un bail emphytéotique = bail de longue durée, ici 30/35 ans) à Mme de Fayolle, surnommée « La Marquise ». Le château a toujours été un lieu de fête.  

La première tranche de travaux, relative au gros œuvre – charpentes et toitures – a débuté en automne 2012 sous la responsabilité d’Olivier Chanu, architecte du Patrimoine. Elle s’est achevée mi-2013. La dernière tranche de travaux a débuté en décembre 2014. Elle est en phase terminale. Elle concerne le second œuvre, la réfection des façades, les huisseries, les menuiseries, les aménagements intérieurs… du moulin scierie et du séchoir, ainsi que les abords. Le projet en cours inclus la restauration des différents mécanismes, de la roue et des parties intermédiaires…

A la fin du XVIIIe siècle on dénombrait un très grand nombre de moulins à eau sur l’ensemble du territoire, dont pas moins d’une dizaine rien que sur la Mauvaise et ses affluents. Les seigneurs de la Roche en exploitaient quatre sur les paroisses de Jullié et Chénas : la Roche , le moulin Aujas, les Chancriers et le Fief. Concernant le moulin de la Roche, les éléments dont on dispose à ce jour nous permettent de remonter ses origines jusqu’en 1775 (datation de la charpente la plus ancienne encore en place). Mais rien n’interdit de penser qu’il ait pu exister un moulin plus ancien en ce lieu.

On a longtemps cru qu’il s’agissait uniquement d’un moulin scierie. Les découvertes faites lors des travaux de restauration montrent qu’il avait également d’autres usages. Divers éléments d’archives retrouvés depuis permettent d’affirmer qu’il a été utilisé également pour écraser les cerneaux de noix, pour produire de l’huile et probablement pour battre le chanvre. On peut voir sur le côté du bâtiment, le cardage pour sécher le chanvre, utilisé pour les cordages et le tissu grossier. Il a été supplanté par le coton, plus fin. Dans la cour on peut apercevoir des archères en forme de croix, inutiles, puisqu’à l’intérieur du bâtiment, elles permettaient cependant d’afficher sa religion ! L’activité scierie s’est poursuivie jusque dans les années 1960 bien après la ruine de la roue hydraulique avec la présence d’une locomobile puis d’un moteur électrique. Au-dessus du moulin proprement dit, existait l’appartement du scieur.