Les bannières

Publié le 26 novembre 2025

Les bannières du Département du Rhône,

exposition à la Maison du terroir beaujolais à Beaujeu,   visite faite le 29 septembre 2025

La visite a commencé par la découverte du musée, puis de l’exposition de Géraldine Kosiak, « Les 10000 choses, la bannière et le tire-bouchon », suivie de l’exposition sur les bannières !

 

Géraldine Kosiak est une artiste et écrivaine, diplômée de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon. Elle a été pensionnaire dans des résidences prestigieuses (Villa Kujoyama à Kyoto, Villa Médicis à Rome). Ses œuvres sont présentées en Aquitaine (Fonds Régional d’Art Contemporain) ou à Lyon (Musée d’Art contemporain). Son travail explore la mémoire individuelle et collective émaillée de récits du quotidien, de «ce qui ne se remarque pas ». Depuis 2020, Géraldine Kosiak réalise un tour de France des musées ruraux à travers une série de peintures intitulée Les 10 000 choses.

Géraldine Kosiak a chiné, récupéré de très nombreux objets, en écho à la collection du musée Marius Audin.  Explorant et racontant le patrimoine régional, dans « la bannière et le tire-bouchon » l’artiste présente plusieurs œuvres dans lesquelles on peut retrouver juxtaposés librement certains éléments au sein du musée.

       

 

L’histoire des bannières.

C’est à l’époque médiévale que le terme Bandum pourrait avoir donné son nom à la bannière. Elle illustre d’abord le pouvoir féodal puis trouve de multiples déclinaisons dans le domaine religieux et la société civile.

La bannière a une grande importance sur les champs de bataille. Brandie par le porte-bannière, un chevalier choisi pour sa bravoure, elle est un point de repère et un symbole d’honneur.

Les bannières civiles :

Symbole de pouvoir, d’identité et de communauté, les bannières civiles accompagnent les mouvements sociaux, la franc-maçonnerie, les compagnons, les associations…

Elles ont d’abord servi à identifier les communes, les paroisses, les quartiers, les corporations et les confréries. Les illustrations sont alors en lien avec leur localisation ou leur activité. Mais la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 interdit les corporations professionnelles et les « attroupements » mettant fin pour un temps aux usages et coutumes de ces métiers.

Les travailleurs se regroupent alors dans différentes organisations pour se protéger, comme les sociétés de secours mutuels ou le compagnonnage, association d’artisans et d’ouvriers axée sur la formation professionnelle et la solidarité. La plupart des bannières de la franc-maçonnerie, qui existent depuis le XVIIIe siècle, ont disparu en raison de la fermeture des loges pendant la Seconde Guerre Mondiale. Nombre de loges ont dû refaire leurs emblèmes dans la seconde moitié du XXe siècle.

       

Certaines bannières civiles ou religieuses reflètent la géographie (vallée, rivières, reliefs locaux) ou l’histoire locale, renforçant ainsi le sentiment d’appartenance à un territoire ou à une histoire partagée (château, fortifications, église, saint protecteur de la paroisse).

Les bannières : les représentations d’identités affirmées.

Si la bannière existe depuis le Moyen-Âge, le 19e siècle offre un vaste renouveau, tant sur le plan civil que religieux. Dans cette période pleine de bouleversements (démographique, industriel, politique, …) elles marquent l’appartenance à un groupe : métier, village, association musicale ou sportive, secours mutuel, … Par les images et les textes qu’elles symbolisent, elles rassemblent autour d’une croyance, d’une valeur, d’une passion ou d’une revendication.

Les hommes évoquent aussi les activités quotidiennes sur leur bannière.

 

Les bannières religieuses :

L’usage politique des bannières diminue au XVIe siècle, la fonction religieuse s’affirme lors de processions. Avec la Révolution française et surtout la République de 1792, les bannières sont détruites ou cachées. Le concordat de 1801 rétablit le culte catholique et permet aux bannières de ressortir lors des processions religieuses. Après la révolution de 1830, ce sera le tour des processions et bannières civiles. De nos jours, quelques bannières continuent de défiler mais nombreuses sont celles à être remisées. Constituées de matériaux très divers : tissus, pièces métalliques, fils dorés ou argentés, de coton ou de soie, broderies, cartonnages et décors peints, les bannières sont fragiles et leur préservation délicate. Pour éviter toute dégradation, leur conservation ou leur restauration doivent être réalisées par des professionnels.

   

Des bannières aux drapeaux :

Contrairement aux bannières, les drapeaux sont fixés par le côté à un mât et flottent à l’horizontale. Le drapeau tricolore que nous connaissons devient le drapeau national par un vote de la Convention nationale le 15 février 1794 (27 pluviôse an II). Interdit par Napoléon Bonaparte, il est rétabli définitivement en 1830 après la révolution des Trois Glorieuses.

 

Pour finir, deux petits compléments :

Le Littré indique que le proverbe « À tout venant beau jeu » signifie qu’un homme est prêt à tenir contre tous ceux qui viendraient l’attaquer soit au jeu, soit à un combat.

La maison de Beaujeu a pris ce proverbe pour devise à cause du nom Beaujeu. ( Menestrier, Recherches du Blason, t.II, p56)

Lorsqu’une chose est très difficile à réaliser, on dit parfois que c’est «la croix et la bannière». Cette expression imagée, qui serait d’abord apparue en Italie, faisait référence aux processions organisées durant le Moyen-Age. Elles étaient en effet particulièrement compliquées à mettre en place, car régies par de nombreuses règles strictes. Celles-ci portaient notamment sur les places attribuées aux participants – des notables représentés par des bannières – d’après leur importance hiérarchique.

De plus, la religion étant omniprésente à l’époque. Il était donc impératif pour les personnes qui défilaient de brandir la croix chrétienne en tête de ces cortèges, qu’ils soient religieux comme civils. L’expression a perduré dans le langage courant et a été attesté à l’écrit au XIXe siècle. Des événements de ce type se produisent encore de temps en temps en France, avec les défilés de confréries par exemple.