La viticulture hier et aujourd’hui

Le Beaujolais est une terre de vin, et Lancié, petit village niché entre collines et rangs de vignes, en est un acteur discret mais essentiel. Depuis des siècles, la vigne façonne les paysages, rythme les saisons et marque les mémoires de ses habitants. Mais que reste-t-il aujourd’hui des pratiques d’hier ? Comment la viticulture a-t-elle évolué dans cette partie emblématique du Rhône ?

Un savoir-faire ancestral transmis par les générations

Dès le Moyen Âge, les moines et les communautés rurales exploitent les coteaux bien exposés pour y cultiver le Gamay, cépage typique du Beaujolais. À Lancié, comme dans les villages voisins de Fleurie, Romanèche-Thorins ou Villié-Morgon, les familles vivent en grande partie du travail de la vigne. Le travail est rude : taille hivernale, traitements au soufre, labours à la main ou avec les chevaux, vendanges exclusivement manuelles… La vinification se fait souvent dans de petites caves familiales, où les traditions se transmettent oralement, sans manuels ni certifications.

Le XXe siècle : mécanisation, coopératives et reconnaissance

À partir des années 1950, la mécanisation transforme profondément la viticulture locale. Lancié voit apparaître ses premiers tracteurs dans les rangs. Le temps des chevaux s’achève peu à peu. Les coopératives se développent, permettant aux petits exploitants de mutualiser leurs moyens et de faire face aux exigences du marché.

Le Beaujolais gagne alors en notoriété, notamment grâce à l’essor du Beaujolais Nouveau, dont le lancement annuel devient un événement mondial. Ce succès commercial masque parfois une réalité plus complexe : les petites exploitations peinent à survivre, et la standardisation menace la diversité des pratiques artisanales.

Le XXIe siècle : vers une viticulture durable et identitaire

Depuis les années 2000, une nouvelle génération de vignerons fait son retour sur les terres familiales. À Lancié et dans tout le Beaujolais, on voit émerger une viticulture plus respectueuse de l’environnement, avec une montée en puissance du bio, de la biodynamie et des vinifications naturelles.

Les vignerons locaux remettent aussi en valeur le terroir et les climats spécifiques de chaque parcelle. À Lancié, plusieurs domaines produisent désormais des cuvées par lieu-dit, redonnant à la vigne son identité singulière. Le retour au travail manuel, aux vendanges à la main et aux élevages longs est signe d’un profond attachement au terroir, doublé d’une volonté de résister à l’industrialisation du vin.

Lancié aujourd’hui : entre mémoire et avenir

Le paysage viticole de Lancié reflète à merveille cette transition entre deux mondes. Les anciens, encore présents dans les villages, observent avec curiosité – parfois scepticisme – les pratiques des jeunes vignerons. Mais tous partagent le même amour de la terre.

Les caves s’ouvrent aux visiteurs, les domaines organisent des événements culturels, et le vin retrouve sa place dans une économie locale en mutation. Le patrimoine viticole devient aussi un levier touristique important pour le territoire.

Lancié, petit par sa taille, grand par son attachement à la vigne, incarne à sa manière l’histoire vivante du Beaujolais.