Les fêtes et lieux de convivialité à Lancié
Pierrette et Marcel racontent leurs souvenirs sur les fêtes et les lieux de rencontre à Lancié :
- Nombre de cafés dans les années 20-50: 4 Chez Giroud face à la bascule, il y avait une porte ouverte, à la place de l’actuelle plate-bande. Aux Géants, chez Palmy. Ils faisaient épicier en gros (sel, sucre, produits pour la vigne, aliments pour le bétail, graines, …) il y avait un jeu de boules en face. Remarque : chez Georges Belicard, il y avait aussi un café. Et avant on a entendu parler d’un café aux Bonnerues … Il y avait aussi un café chez Pelletier, qui faisait aussi boulangerie, et garage /essence. Au Bacchus, M Alazio: c’était un café/boulangerie. Puis le café a été repris par Hyvernat qui faisait restaurant, mais aussi maçonnerie. Il y avait aussi une salle pour les bals. Souvent ces cafés sont associés à des commerces. Ce sont des lieux très fréquentés, en particulier le dimanche, il y a beaucoup de monde ! Les jeux de boules (partout c’est la boule lyonnaise, et pas la pétanque !) Chacun avait son jeu de boules attitré, on venait en famille, on retrouvait les amis et voisins, par affinité. Le papa de Pierrette, Italien avait une belle voix. Il chantait dans les choeurs de l’église, puis il allait jouait aux boules et il remontait en chantant l’Internationale (il était communiste !)
Les cafés étaient des lieux où les gens se mêlaient : avant la grande guerre le village comptait 900 habitants. dans les années 50, on est descendu à 500 habitants. Les boissons : vin, apéritif, limonade, … Pierrette a une photo des pompiers sous la tonnelle aux Nugues, où il y avait des jeux de boules sur 2 niveaux, c’était le plus grand jeu de boules de Lancié. Les femmes et les enfants rejoignaient les hommes l’après-midi. Les boules étaient un lieu de rassemblement constant.
- Le lavoir en 20-50. C’était aussi un lieu où l’on discutait ! Par habitude, chaque femme avait un jour où elle s’y rendait. Dans les immeubles abattus en face du Bacchus, parking de l’église, exerçait une laveuse qui lavait pour les gens. Sur Corcelles, à Rochenoire, le long de la rivière Le Douby, il y avait une retenue en bois, ce n’était pas un lavoir couvert mais il y avait des plaques en bois pour laver. Mme Aulas a été la dernière à y descendre. Puis il y a eu la machine à laver payée par l’association des familles, vers les années 55-56. La machine était empruntée par les familles à tour de rôle, apportée à domicile sur une sorte de remorque qui pouvait se faire tracter derrière un vélo. Au lavoir, les femmes chauffaient l’eau dans une lessiveuse. Le lavoir servait aussi d’abri pour vagabond, de piscine pour les enfants en été, d’abreuvoir pour les bêtes… Marcel se souvient d’un vagabond, dont le dossier revenait souvent en mairie (encore en 1971), qui s’abritait régulièrement sous le lavoir. Tombé malade, il fut emmené à l’hôpital et bénéficia de l’aide sociale à Belleville. Il s’appelait Lapute.
- L’église et les fêtes religieuses: c’était aussi un lieu de rencontres important ! A la sortie, ça jouait aux cartes au café ! et on discutait beaucoup à l’entrée et à la sortie des offices. A l’église de Juliénas, les femmes étaient d’un côté, les hommes de l’autre. A Lancié, dès 1950, hommes et femmes étaient mélangés. Par contre pour chanter, ils étaient séparés !
Pour la messe de minuit, l’habillage pour la procession se faisait au château Chagny, au Châtelard. En 53/54, pour la communion on s’habillait chez soi, avec aube et petit cierge, les garçons étaient en costume avec brassard (Marcel), les filles étaient en robe de mariée, puis tous garçons et filles ont été en aube. (Pierrette)
Les temps forts à l’église étaient les 1ères communions, les mariages, Noël, la semaine sainte. On faisait une procession, le 15 août, à l’époque d’avant la dernière guerre, depuis la croix des Boccards, et celle des Trillons (elle a été supprimée) ou depuis le petit oratoire (petite chapelle) de la maison Gaillard (où est la mairie)
La bénédiction des raisins, vers les années 50, se faisait avant les vendanges, le dimanche avant. On apportait des raisins pour les faire bénir pour que les vendanges se déroulent bien. Chaque viticulteur fêtait la fin des vendanges. Il n’y avait pas de fête de Saint Vincent, c’est plus en Bourgogne ou en Champagne. En Champagne c’était même un jour férié payé par le patron !
- Les ruelles, elles avaient un rôle utilitaire, au temps du Lancié médiéval pour permettre aux gens de remonter des Pasquiers à l’église. Il s’y trouve de nombreux jardins, clos de murs avec une porte (Pierrette en a dénombré 28 de l’église aux Géants!). Ces jardins étaient pour les personnes habitant la grand-rue à l’étage des commerces, pour leur donner un extérieur pour jardiner et aussi se détendre.
- Les bals populaires: la grande majorité avaient lieu sur la place des Pasquiers, et 1 ou 2 fois chez Palmy, et dans la salle des fêtes, à l’occasion des conscrits, de la Vogue, de l’arbre de Noël et de la fête de l’école, et aussi la fête des pompiers. La salle chez Hyvernat servait aussi pour les jeunes pour faire du théâtre ! Plus tard, il y aura la JAC (jeunesse agricole Chrétienne) organisation où les jeunes continueront de faire du théâtre, dans une salle au château Chagny. Les bals se montaient aussi aux Pasquiers et sur l’ancien terrain de basket face à la mairie rue Grôlée.
- La Vogue : elle était organisée pour la Saint Augustin (le 28 août). Il y avait des manèges aux Pasquiers, à l’emplacement des balançoires actuelles. On installait un mât de cocagne : il fallait grimper pour décrocher 4 saucissons, des bouteilles, … En 48-49, sur les chevaux de bois, ils avaient tiré des coups de fusil ! Un manège de petits avions (qui ne montaient pas) était installé vers la bascule. Il y avait aussi le casse-boîte, le lancer d’anneaux, la course de karting, … Chez Hivernat, ils avaient monté un carré en moellons, on lançait des tomates sur un des ouvriers qui faisait le pantin ! Le bal se déroulait le dimanche, on faisait aussi la vente de brioches. On participait aux vogues des villages voisins On se déplaçait en vélo, et après en mobylette. Fanfan Vouillon (frère de Gérard) transportait dans son véhicule, en particulier pour aller coller les affiches annonçant les festivités… il y a eu quelques accidents. La famille Vouillon était très ouverte, la Nénette (la mère) coupait les cheveux aux enfants, elle emmenait les dames au marché, plus pratique que le car pour Belleville. Remarque : marché le jeudi à Villié Morgon, le mardi à Saint Didier. Les règles de sécurité n’étaient pas celles d’aujourd’hui !
- La fête de l’école, c’était quelque chose ! Du temps des Morel… (Mme Morel était institutrice mais aussi bonne couturière) Ils étaient enseignants à Lancié avant même la guerre. Pour les plus grands, ils donnaient des cours en plus le soir : de la couture, de la cuisine, en plus de l’école : il s’agissait de former à la tenue de la maison, de s’occuper des bébés, faire le biberon, … Après les Morel, il y a eu : Melle Malburet, Mme Backet, Mme et M Ange qui apprenait à greffer, puis M et Mme Roche, qui sont arrivés en 55. « Mon grand-père, qui était Italien, s’est sauvé juste avant d’être arrêté, avec l’arrivée de Mussolini au pouvoir. Il n’y a jamais eu aucune animosité exprimée, grâce à la vigilance des enseignants, et aussi le soutien des maires, avec M Latriche puis M Foillard. » souligne Pierrette. Les bénéfices de la fête de l’école payaient les sorties. Avant la dernière guerre les voyages se faisaient avec les transporteurs locaux en camion ! Les enfants de l’école avaient été emmenés en sortie scolaire au Parc de la Tête d’or. Les parents, les grands-parents accompagnaient : la sortie de l’école était très importante ! Après la guerre, les sorties se faisaient avec les cars Chanut de Belleville ou Sivignon de Fleurie. Les enfants étaient aussi allés au Creuzot, à Montceau les Mines, à Génissiat, voir le Tour de France au col de la faucille, au lac d’Annecy, au lac de Paladru, et d’autres…
Lors de la fête de l’école, vers le 14 juillet, les enseignants proclamaient les résultats du certificat d’études. Jusqu’à M Roche, en 55, c’était une grande fête. Après ça a diminué car il avait une fille handicapée, et c’était difficile et compliqué pour lui. Ça a repris en 65, avec les Galtier qui ont créé le club de basket, très actif et qui a attiré de nombreux jeunes. M Galtier organisait les tournois, sorties, soirées comme celle pour la St Jean, en juin.
- Les conscrits à 17/18 ans, les garçons faisaient la Vogue, pour se faire de l’argent pour les conscrits. Les 19/20 ans offraient le banquet aux sous-conscrits et aux conscrites. On vendait les brioches. La cocarde était portée à domicile à chaque conscrit, en novembre, décembre. On était souvent invité à boire ou manger… donc cela concernait environ trois soirées par semaine, selon les horaires de travail, on gardait les plus accueillants pour le samedi. Les conscrits s’annonçaient avec clairon et tambour ! « Les conscrits de la classe 64/65 venaient à chaque fois chez mon père : il avait laissé la clé sur la porte, pour être moins dérangé ! » (Pierrette). Ce sont les 19/20 ans qui faisaient la tournée, parfois quelques 30 ans les accompagnaient selon les promotions. En 59, il n’y avait qu’un seul 20 ans (né en 39 !) : Jean Gauthier. C’était l’occasion de tisser un lien privilégié avec les gens : on racontait les bêtises des anciens, c’était un temps de transmission… Comme aujourd’hui, on faisait la distribution des brioches. Pour le défilé, il n’y avait que des hommes : 20/30/40/50/60/70… on pouvait inviter les femmes au repas mais elles n’étaient pas sur les photos ! A partir de 1969 : elles sont en photos. Avant le défilé, il y avait la messe, qui a disparu pendant un certain temps… Puis se déroulait le défilé en gibus, les filles des 19/20 ans ont été assez vite intégrées (en 39)… Le départ se faisait de la mairie de l’époque au-dessus de la salle François Drut. Il y avait la fanfare mais pas tous les ans (selon les finances et la disponibilité : en 69 ce fut celle de Fleurie). On descendait la grande rue. On allait à la salle des fêtes pour le banquet, construite en 65. L fanfare de Chiroubles est venue pour l’inauguration en juillet 65, Avant on allait chez Hivernat, mais la salle a été jugée trop fragile, on organisait alors des « bals montés ». La fête des conscrits était, et est toujours le 1er weekend de février. En 56, il avait fait si froid que les bouteilles avaient gelé ! En 59, le bal s’est refait chez Hivernat, mais ils ont renforcé, mis des étais… En effet ils y avaient monté une blanchisserie, pas longtemps, et ça avait aggravé le problème de solidité du sol !
- La fête du village: on organisait parfois des bals, on mettait des affiches, parfois il y avait des bagarres… En 62, à la maison Gaillard, lieu de la mairie aujourd’hui, il y avait une écurie et un cuvage. On s’impatientait de voir la salle des fêtes se construire : on a fait une fête, qui a réuni 25 jeunes environ. Pierrette avait 16 ans, Marcel 17 ans. Les jeunes ont enlevé les rateliers, la grosse poutre : ils ont tout cassé ! Jean-Paul Raphanel sciait et il s’était assis du côté où ça allait tomber ! Quelqu’un lui a dit à temps ! M Foillard, c’était son dernier mandat : ils avaient acheté en 58 pour faire la mairie et la salle des fêtes… mais ça ne bougeait pas, on s’impatientait ! Vouillon avait le matériel. Il faisait un froid de canard. Pelletier avait apporté un chauffage et une bâche pour calfeutrer… pour la démolition personne ne nous avait aidés, mis à part Fanfan (Vouillon). On avait été épaulé pour le spectacle de théâtre par quelques personnes : on a réussi une fête du tonnerre ! Danse, loterie, théâtre, bal, buvette, gaufres,… On a joué 2 fois le spectacle, les 2 fois complets ! Devant le succès, on a refait pendant 2 ans. Il n’y avait que 500 habitants à l’époque…On avait fait des sous… ça a payé l’autocar pour aller à la neige à Chamrousse : bon, on n’a pas pu monter en car jusqu’en haut car il y avait trop de neige. On avait porté la caisse à Maisonneuve : voilà ce qu’on a, que pouvez-vous nous proposer… on a été dans ses 1ers clients.
- Le groupe théâtre a existé dans les années 50 : Simone Bleton, Odette Gelin, Pierrot Foillard, René Gailleton… Cela se passait à la salle Chagny
- La tradition de Carnaval : les enfants de l’école faisaient le tour du village, déguisés par nous-même. On nous donnait de l’argent, on finissait chez Pelletier. Mardi-gras était férié.
- Retraite aux flambeaux : avant les années 60, pour le 14 juillet ou le 13 juillet pour les pompiers : ils n’avaient qu’une remorque, on était un peu arriérés, là ! (Marcel)
- Les veillées: assis sur le mur vers le carrefour des réverbères, ou chez Large ou aux Pasquiers, ou à la Merlatière, chacun apportait sa chaise, pour les soirées d’été : on discutait…
- Les cérémonies de fin de guerre: après le discours officiel, on allait boire un coup offert par la mairie dans l’un des cafés du village, à tour de rôle selon les années.
- La fête de l’UCOL s’est déroulée 2 fois sur Lancié, dans le parc du château du Penlois et aux Pasquiers.
- Le comice agricole s’est tenu chez Bastard (Penlois). C’était une exposition en 49/50. En 88/89, aux Pasquiers il y a eut un concours de vins des vignerons, pas de bétail. A Juliénas, le Préfet venait parfois. C’était une occasion de décerner une médaille aux mères de famille les plus méritantes du village (celles qui avaient de nombreux enfants)