Gabriel (et Charles) Voisin

Publié le 2 décembre 2025

Personnage haut en couleurs, aux multiples facettes, inventeur passionné, insatiable, pionnier de l’aéronautique civile et militaire, puis fabricant de voiture de prestige, sous la marque « avions-Voisin », Gabriel Voisin est né à Belleville sur Saône et a longtemps habité en Saône-et-Loire. (Crédit photo de couverture: Bibliothèque Nationale de France)

Le spectacle théâtral « Gabriel Voisin le vieux constructeur » par la Compagnie du Bonheur Vert, mis en scène par Gaëlle About, a eu lieu jeudi 12 décembre 2024 à la médiathèque de Mâcon. Gaëlle About est la fille d’un photographe et journaliste de presse à Tournus, Philippe About, interprété par David Tougerie) qui a rencontré plusieurs fois Gabriel Voisin (joué par Jean-Louis Terrangle) et s’est lié d’amitié avec lui. La mise en scène donne vie aux échanges complices entre « le vieux constructeur » et le jeune reporter, de nombreuses informations sont également tirées des livres de Gabriel Voisin.

 

Il nous est livré le portrait d’un génie, un de ces visionnaires qui, en l’espace de quelques années, révolutionne nos modes de transports et notre façon même d’envisager le monde. Cet inventeur avait créé les premiers avions capables de voler de façon autonome.

Il s’était ensuite voué à l’automobile et a réalisé des voitures très élégantes et d’autres très rapides qui battaient tous les records du monde.

Bousculé par la vie, par les deuils, par les aventures amoureuses, il avait posé ses valises au bord de la Saône.

Originaire de Belleville, Gabriel Voisin nait le 5 février 1880. Son père, industriel de la fonderie, voit ses affaires péricliter peu à peu après la guerre de 1870 et ferme son entreprise en 1882, année de naissance de son deuxième fils Charles. Il meurt en 1886 laissant une veuve désargentée et quatre enfants. Leur existence est alors assurée par leur grand-père maternel qui héberge chez lui, à Lyon, sa fille et ses trois petits enfants.

 

 

Pendant les vacances, la famille s’installe à Neuville à proximité de l’usine familiale et les deux garçons s’initient rapidement à la petite mécanique. A l’âge de 15 ans, Gabriel a déjà fabriqué un fusil qui sera sa première arme de chasse, une bicyclette et un petit modèle de machine à vapeur. Son frère Charles préfère la menuiserie. Les bords de Saône deviennent très vite leur territoire de jeux et de chasse.
Excellent mais turbulent élève au lycée Ampère, il entre aux Beaux-arts de Lyon tout en travaillant comme dessinateur dans un Bureau d’Etudes dirigé par un ingénieur des Arts et Métiers.

 

 

Il sort d’école en 1903 et débute sa carrière chez Ernest Archdeacon, un des promoteurs et mécènes de l’aéronautique naissante. Il s’illustre très vite dans le domaine de l’aviation.

 

Photo 1: DR                                                                            Photo 2: The Colour Encyclopedia of Incredible Aeroplane-Philip Jarrett

 

En 1905, il modifie, grâce au financement de son employeur, un planeur en hydravion et décolle sur la Seine à Billancourt remorqué par une vedette rapide. Le vol se fait à une altitude de 15 mètres sur une longueur de 600 mètres. 

 

Photo DR

En janvier 1907, avec son frère Charles, il crée l’entreprise « Voisin Frères» dans un atelier à Billancourt. Il conçoit un avion avec lequel Farman (1908) réussit le premier vol en boucle sur un kilomètre avec décollage et atterrissage autonomes. Il s’en suit alors des années fastes, la Première Guerre mondiale venant conforter le succès de l’avionneur puisqu’il fabrique plus de 10 000 avions pour l’armée durant cette période, vendant même ses licences en Russie.

                                                                                         Photo: Archives municipales de Boulogne-Billancourt

 

 

Charles n’a pas eu l’occasion de voir la fin de cette aventure industrielle puisqu’il s’est tué dans un accident de voiture à Corcelles-en-Beaujolais le 26 septembre 1912 à l’âge de 30 ans. Sa compagne Élisa Deroche – première femme au monde à obtenir son brevet de pilote – a survécu de peu à l’accident.

Lire: http://www.corcellesenbeaujolais.com/fr/actualite/2290/corcelles-en-beaujolais-riche-histoire-aviation

 

 

 

Malgré la mort de son frère, Gabriel poursuit l’aventure. Il s’en suit alors des années fastes, la Première Guerre mondiale venant conforter le succès de l’avionneur puisqu’il fabrique plus de 10 000 avions pour l’armée durant cette période, vendant même ses licences en Russie. (photo de Jacques Moulin)

 

 

 

La guerre terminée, Gabriel Voisin a conscience qu’il va falloir trouver d’autres débouchés pour remplir son usine d’Issy les Moulineaux. Il se détourne alors de l’aviation pour la voiture, étant convaincu qu’elle a un avenir prometteur. Il n’aura de cesse de produire des voitures toujours plus abouties, l’utilisation de l’aluminium pour la construction de la carrosserie en étant une facette.

       

                                                                  Photo 1: Le Sport Universel Illustré                                                                                         photo 2: Thesupermat CC-BY-SA_4.0

En 1919, la MI est construite en 100 exemplaires. Il lance des modèles de plus en plus puissants et luxueux et produit dans les années vingt une moyenne de 1000 voitures par an. Mais l’incendie de son usine mal assurée et la crise économique de 1929 mettent à mal les finances de la société des Automobiles Voisin. Il présente néanmoins aux salons de l’automobile de 1934 et 1935 la mythique C27 Aérosport avec son toit coulissant dans la malle arrière, elle ne sera fabriquée qu’en un seul exemplaire.

Ses véhicules remportent entre les deux guerres de nombreux records de vitesse:
1928: 10000 km à 147 km/h de moyenne
1929: 30000 km à 133 km/h de moyenne
1930: 50000 km à 120 km/h de moyenne

Pendant la seconde guerre mondiale, son usine est réquisitionnée par l’occupant, il vit une période sombre au cours de laquelle il essaie de sauvegarder son outil de production.

 

Après la guerre (1950), il dessine le Biscooter, petite voiture bon marché. Cette voiture dotée d’un moteur de cent-vingt-cinq centimètres cubes, légère et rustique, était conçue pour doter la France d’un véhicule économique. Elle connait un franc succès en Espagne où elle est construite à plus de 10 000 d’exemplaires.

Photo: Artcurial

 

En 1958, il se retire sur les bords de Saône au Villars dans cette  « cadoIe » achetée en 1925 par une de ses amies, (elle lui donne en 1955), ancienne maison de passeur qui avait tour à tour été transformée en ferme et en bistro. Sur la fin de sa vie, il part pour Ozenay pour échapper aux nombreuses crues de cette rivière qu’il a tant aimée. Il meurt en 1973 à 94 ans et repose maintenant au cimetière du Villars.

Source: http://static.reseaudespetitescommunes.fr/cities/715/documents/kov6w0kqhwzf337.pdf